La question des organismes génétiquement modifiés (OGM) reste une des
 plus sensibles depuis la fin du 20e siècle même si elle presque 
détrônée par la question de l’homosexualité. Je prends pour preuve les 
multiples marches ou mouvements organisés à travers le monde pour 
protester contre les OGM. Rarement, on a écho de mouvements organisés 
contre les pesticides utilisés dans les quatre coins du monde et qui 
produisent pourtant des effets nocifs dans l’environnement. OGM et 
pesticides ne méritent-ils pas d’être réprimés au même ordre ? L'un 
d'entre eux représente-t-il un moindre mal  ?

Depuis
 l’avènement des OGM dans l’agriculture, dans les années 90 et la 
volonté de diffuser leur utilisation, des vagues de mouvements se sont 
érigés contre. On a mobilisé partout, cultivateurs et consommateurs à se
 lever pour défendre leurs intérêts. Les tiraillements sont encore vifs 
en Europe, et l’Union européenne s’est même divisée sur la question, 
c’est que j’avais pu voir à la Une du journal Lemonde.fr du 12 juin dernier.
On reproche les faits suivants aux OGM :
-
 le risque de créer une dépendance des cultivateurs aux firmes 
promoteurs des OGM, alors que les paysans des pays en développement sont
 pauvres et risquent donc de s’enfoncer dans l’endettement ;
-le 
risque de pouvoir induire des effets toxiques dans les êtres vivants, 
des dizaines d’années après la consommation de plantes OGM. Et même 
d’induire des modifications chez l’homme et chez les animaux au risque 
de les amener à devenir insensibles à certains médicaments ;
- les
 plantes OGM vont transmettre leur gène aux autres êtres dans 
l’environnement,  ce qui risque de perturber les écosystèmes et 
favoriser par exemple l’émergence nouveaux microorganismes (bactéries et
 virus) qui vont causer de nouveaux types de maladies inconnues et 
difficiles à combattre ;
- les médicaments obtenus par 
modification génétique, déversés dans la nature peuvent créer des virus,
 des bactéries et des insectes résistants et difficiles à combattre à 
moins d’investir régulièrement dans la découverte de nouveaux 
médicaments.
- le risque que les OGM consommés transfèrent leur 
gène modifié aux bactéries du tube digestif et les rendent ainsi 
résistantes aux antibiotiques.
Toutes ces craintes des OGM sont 
pertinentes. Il y a un véritable risque environnemental lié à la gestion
 des OGM dans l’environnement. Que ce soit les souris OGM qui 
s’échappent des laboratoires ou les déchets de produit OGM déversés dans
 la nature, tous constituent de graves dangers pour les écosystèmes. Il y
 a aussi que la connaissance que les scientifiques est encore infime. En
 effet, connaître la fonction d’un gène ne suffit pas pour connaître 
entièrement son interaction avec les autres.
Cependant, les partisans des OGM mettent en avant les avantages suivants :
-
 les OGM permettront de produire des plantes ou des animaux résistants 
aux maladies et aux parasites, de produire abondamment les médicaments 
et la nourriture pour faire face aux fléaux et aux catastrophes 
naturelles ;
- tous les tests consensuels réalisés à ce jour ont montré l’innocuité des plantes OGM sur l’homme ;
-
 l’utilisation des OGM permettra de réduire l’emploi des engrais et des 
pesticides qui endettent les paysans en chaque début de saison, ainsi ça
 leur permettra de faire des économies ;
- la suppression de 
l’usage des pesticides permettra de protéger l’environnement, notamment 
les nappes d’eau et les aliments contre la pollution par les résidus de 
pesticides ;
En tout cas, à ce jour les OGM sont autorisés dans 
l’agriculture dans plusieurs Etats dans le monde. Mais les produits OGM 
issus de l’agriculture ne vont pas se limiter aux frontières de ces 
seuls pays. Grâce à la mondialisation, tout le monde peut y être exposé.
 Même si la législation dans certains pays exige des indications sur les
 emballages, il faut savoir que dans ce monde, c’est le commercial qui 
fait la loi, donc bon appétit à tous. Quant aux médicaments, ils n’ont 
pas de frontière naturellement. Plusieurs médicaments sont aujourd’hui 
obtenus à partir d’OGM ; on peut citer entre autres l’insuline pour 
lutter contre le diabète, l’hormone de croissance, les interférons pour 
le traitement des cancers, le vaccin de l’hépatite B. La modification 
génétique est, à ce jour, la seule voie pour pouvoir ces médicaments en 
quantités pouvant satisfaire la demande mondiale.
Sur la santé humaine, les preuves des effets des pesticides sont palpables.
On
 a l’impression que les médicaments OGM ne créent pas trop de polémique;
 c’est les plantes OGM le problème et bien sûr l’application de la 
modification génétique sur l’humain. Cela me fait penser à cette 
anecdote qu’un enseignant aimait nous raconter : « il y a des gens 
qui se lèvent le matin, ils s’injectent leur dose journalière d’insuline
 (OGM), puis ils s’en vont se joindre à la foule dans la rue pour crier « à bas les OGM », « à bas les OGM », « à bas les OGM »…
Quant
 aux pesticides, leur utilisation a permis d’engranger d’énormes progrès
 dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de la préservation des
 forêts et bien d’autres. Dans l’agriculture, les pesticides ont permis 
d’augmenter les rendements agricoles et par ricochet de réduire les 
problèmes de sécurité alimentaire. Cependant, on peut noter de nombreux 
problèmes liés à leur utilisation.
Les problèmes créés par les 
pesticides dans l’environnement sont divers. Des insectes et herbes 
résistants aux pesticides, on en parle partout. C’est donc de nouvelles 
espèces incontrôlées qui naissent à cause des pesticides. Finalement, on
 investit davantage dans la recherche pour découvrir de nouveaux 
pesticides efficaces contre ces espèces résistantes. A ce niveau, rien 
ne semble faire défaut, puisqu’ils plusieurs types de formulations sont 
disponibles sur le marché, contre une espèce donnée d’insectes. On note 
également des troubles de reproduction enregistrés chez certains animaux
 sauvages. Aussi, la pollution des nappes et sources d’eau par les 
pesticides utilisés en agriculture n’est plus à démontrer.
Sur la 
santé humaine, les preuves des effets des pesticides sont palpables. 
Cela est dû à un réel défaut d’encadrement des paysans pour appliquer 
les pesticides dans les règles de l’art. Ce qui fait que beaucoup 
d’entre eux s’empoisonnent avec, pendant ou après l’application. Par 
exemple un pesticide,
 maintenant interdit, a été inculpé dans une vague d’intoxications et 
même de décès de paysans survenus dans plusieurs pays d’Afrique de 
l’Ouest.
A cela, il faut ajouter le nombre inconnu de victimes
 parmi les consommateurs. Ces derniers, que nous sommes tous, sont 
directement exposés aux pesticides à travers les produits agricoles. 
Aujourd’hui, par exemple on est en train de promouvoir la consommation 
des fruits et légumes en vue d’éviter certaines maladies chroniques.
On
 tente donc de rendre les légumes et fruits disponibles et accessibles 
sur le marché, en produisant plus grâce à l’emploi des pesticides. 
Imaginons que vous vous ravitaillez en fruits et légumes régulièrement 
et que ces denrées contiennent encore des résidus de pesticides ; vous 
en consommez alors que des pesticides sont aujourd’hui soupçonnés d’être
 à l’origine de certaines maladies chroniques.
On n’oublie pas 
aussi le fait que les paysans doivent s’endetter pour l’achat des 
pesticides à chaque début de saison agricole. Quelle dépendance !
Au
 vu de tout cela, l’écart reste donc faible entre les risques engendrés 
par les OGM et les pesticides ; difficile donc d’identifier le moindre 
mal entre les deux.
Je me demandais ce qui empêche vraiment 
l’emploi des OGM dans l’agriculture. Dans ce genre de situation, on 
pense toujours à la concurrence entre grandes firmes. Mais pour l’emploi
 des OGM en remplacement de celui des pesticides, ce n’est pas le cas. 
Ici c’est les mêmes firmes qui sont promoteurs des pesticides et des 
OGM. Les tireurs de ficelle sont donc ailleurs ; mais qu’ils sont 
puissants !
Aujourd’hui, il y a des organisations qui prônent 
l’agriculture écologique, c’est-à-dire exempte de pesticides et d’OGM. 
Mais en attendant d’y parvenir, entre OGM et pesticides que peut-on 
souhaiter avoir dans notre assiette ?
Par Julien DEMBELE, MSc. 
 
   
 
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